Il y a quelques semaines, j’ai interrogé la communauté des internautes abonnés à la page Facebook du blog. « Avez-vous fait votre Handing-out? ».

Autrement dit, votre handicap auditif l’avez-vous mentionné dans votre environnement professionnel ? Si oui à quel moment? Sur votre CV, lors de l’entretien d’embauche, plus tard?

Comme à chaque fois, les chouettes abonnés ont répondu massivement. Voici une sélection de ces témoignages.

19 ans sans parler de son handicap auditif

«  Ça fait bientôt 19 ans que je suis en poste. Mon employeur et mes collègues ne sont pas au courant. J’ai une surdité bilatérale sévère et suis appareillée … Je n ai pas jugé bon d’avertir, … Je ne pense pas que ce soit le fait que je n’assume pas car dans ma vie personnelle, j’en parle et le dis … Mais au niveau pro, je préfère pas, ça évite les questions les incompréhensions…. Ça passe inaperçu grâce à l appareil et la lecture labiale ..et pourtant je bosse avec une orthophoniste …  Je pense que cet handicap, je l’assume mais pas comme faisant partie de moi… Il y a d abord moi et puis ce handicap … Je m appareille quand j arrive au boulot et le retire quand je sors.. Pareil si j’ai un rendez-vous médical ou autre.

En dehors de ces situations je suis « comme les autres » si je puis dire. Evidemment sans appareil, je suis parfois à coté de la plaque lol ou je ne réagis pas car je n’ai pas entendu mais je m’en f***….après avoir passé la moitié de ma vie à m’adapter aux autres maintenant c est l inverse. On me regarde parfois bizarrement ou avec agacement quand je réponds à côté ou que je fais répéter ms ça m importe peu…je le vis plutôt bien..comme le disait notre ami Jean-Paul Sartre  » l enfer c est les autres « moi j’ajouterai que l’essentiel est la positive attitude. »
J.


 

« Oh mon dieu un vrai cauchemar les entrevues étant malentendant. Avec l’expérience j’ai compris de ne pas le mentionner car nous sommes discriminés 🙁 j’ai perdu plein d’opportunités à cause de mon handicap. »
S.

« J’ai attendu d’avoir reçu mon attestation de RQTH et dans la foulée d’être appareillé, même si auparavant j’étais déjà en situation de handicap (à l’époque j’avais déjà une cophose à droite et -57db à gauche, ça s’est aggravé depuis). Pourquoi ? Tout simplement parce que notre handicap étant invisible et étant personnellement plutôt performant en matière de lecture labiale, l’annonce de mon handicap avant son « officialisation » via la RQTH entraînait bien souvent des moues et des regards dubitatifs. »
F.

Une compétence sur un CV

« Sur mon CV est noté « formation en LSF » puis lors des entretiens, les recruteurs se disent curieux de cette formation et là j’évoque ma différence. Ça s’est toujours bien passé: « ça ne se voit pas, vous avez une très bonne élocution, un vocabulaire complexe, riche« … Aux collègues, je ne le dis pas, certains le devinent plus tard (ou pas). Voilà je précise : sourde de naissance, appareillée dès 4 ans, R.Q.T.H. depuis 2 ans. Un autre handicap me gênant, je ne peux plus travailler » A.

Jamais mieux servi que par soi-même

«  Moi je ne dis pas par peur de recevoir des questions sur lesquelles je ne saurais répondre. Au bout de dix ans, j’en ai eu marre et j’ai créé une école des sourds où je suis directrice, j’embauche les malentendants et je m’épanouis puisque je suis bilingue. ASL/français » R.

Leur handicap auditif ? Ils l’annoncent d’emblée

 

«  J’en parle toujours au début de n’importe quelle rencontre. En général, on porte plus attention à ma situation. Le monde est bon en général. » F.


«  Je le dis juste après mon nom. Dès le départ. Je vois tout de suite si ça va aller ou si il y a un blanc. » A.


«  Je l’ai toujours dit. Pour le boulot, lors de mon entretien, ça se passe plutôt très bien, comme ça si on fait répéter, les gens ne se disent pas, « elle est bête celle-la , elle comprend rien😂 » les gens ont toujours été compréhensifs avec moi, merci la lecture labiale. Parfois je ne le dis pas tout de suite quand une nouvelle collègue arrive. Souvent on me répond, « mais ça ne se voit pas , euh….. et si j’enlevais mes appareils …😂( surdite sévère à profonde) » H.


« Je l’ai dit lors de mon entretien et mon employeur met des choses en place pour m’aider 🙂 et je l’ai dit a tous mes collègues et ils m’aident beaucoup. » M.

Quand le handicap auditif survient en cours de carrière

« Je suis salariée depuis 35 ans, et il y a 2 ans, je suis devenue malentendante (- 60 % d’audition à l’oreille gauche) et je me suis faite appareillée. Je l’ai tout de suite déclaré à mon DRH et à tous mes collègues, ainsi qu’aux clients si jamais je ne comprends pas bien ce qu’ils me disent. Je n’ai pas honte, ni peur de dire haut et fort que je suis malentendante et appareillée…..il est vrai que c’est parfois difficile, surtout si je suis dans un groupe qui parle, ou un afterwork, genre grande réunion, je ne comprends plus rien et là, je fuis….. Dans l’ensemble, je n’ai pas à me plaindre, mes chefs et mes collègues comprennent, même s’ils oublient et que je dois sans cesse le redire. » A.

Sans aucun complexe

« Pour ma part, appareillée des l’âge de 7 ans. C’est écrit sur mon CV. C’est écrit dans ma signature des emails. Sans complexes. Les collègues avec lesquels je travaille au quotidien sont forcément informés.Je voudrais aussi rajouter que beaucoup de personnes au travail finalement sont ravies de pouvoir évoquer avec moi le cas de la surdité et du handicap en général. Je décomplexe le sujet. Je leur apporte un autre niveau d’attention. Et puis, je crâne avec la lecture labiale !! 😋 » G.

« Perso, je n’ai jamais fait un cas de mon handicap donc j’en parle très aisément a mes patrons et mes collègues sans problème ! » I.

«  Pour ma part rien n’a changé quand je l’ai signalé peu de temps après mon embauche, certains l’ont oublié et d’autres ne sont toujours pas au courant. Dans un open Space tu ne vas pas crier à tout le monde que tu es malentendant du coup ça se fait au fur et à mesure 😊 Mais je peux dire qu’il y a une ou deux personnes sur 10 qui se sont montré indulgent. C’est mieux que rien 😄 » M.

Ils laissent plutôt les autres s’en rendre compte

«  Je ne le dis pas de premier abord, la plupart du temps je me débrouille avec la lecture labiale à 75%. Je le dis quand ça me pose un problème de compréhension et là les gens sont tout de suite compréhensifs et font l’effort de parler plus fort ou en face. Je n’ai quasiment jamais eu à me plaindre de ne pas comprendre à partir du moment où j’explique que je suis malentendante (et Dieu sait si ma surdité est importante, bilatérale sévère-profonde et appareillée depuis mes 3 ans). Et tout cela est valable au boulot comme dans la vie quotidienne, à la maison, au téléphone avec l’administration,… (médecins, caf, etc) » F.

«  Je l’ai jamais dit au début de mes stages jusqu’aux 2 dernières années avant ma titularisation. Je n’entends pas l’alarme évacuation, je suis obligé de montrer mes appareils. Ma dernière chef en parlait a tout le monde. En réunion, je me positionne à un endroit spécifique. Je suis reconnue Travailleur Handicapé depuis 1999 et j’ai une formation en lsf prise en charge par mon employeur. » A.

Parfois assumé, parfois caché

« Moi je suis coiffeuse et des fois je le dis et pis des fois je le dis pas toujours, j’ai un peu peur du rejet si je le dis. C est comme ça, pas toujours facile je ne l’assume pas a 100% » S.

On le voit bien. Il y a autant de porteurs de handicap auditif que de façon de le vivre au quotidien, notamment dans l’univers professionnel. Généralement bien accueilli, le malentendant doit tout de même souvent rappeler son handicap invisible, les autres l’oubliant rapidement.

Et vous, vous en parlez de votre handicap auditif ?